Nous avons vu dans l’article « Introduction à la gestion des conflits en entreprise » que « l’affirmation pacifiée » peut être considérée comme étant l’attitude idéale dans une situation difficile et/ou conflictuelle. Or, comme nous allons voir, nous sommes souvent assez loin de cet idéal.
ATTITUDES EN SITUATION DE CONFLIT
On peut en effet considérer que, pour faire face aux contradictions et aux situations conflictuelles, il existe 4 attitudes principales:
1. L’attitude de « fuite »: ne pas oser dire ce que l’on veut; capituler face à la contradiction, éviter le conflit à tout prix.
La fuite peut se manifester par des apparence honorables: abnégation, modestie, esprit de conciliation, politesse, sens de la discipline, etc.
Quelques phrases-alibi pour illustrer le propos :
- « Il ne faut pas dramatiser! »
- « Il faut savoir faire des concessions… »
- « Il vaut mieux sourire que de se faire mal voir »
- « Je ne veux pas être le seul à me plaindre »
- « A quoi bon attaquer les moulins ! »
- « Je ne veux pas ralentir la discussion par des interventions non-constructives »
- « Pour critiquer, il faut avoir des idées de rechange à proposer »
Cette attitude peut-être assimilée à un déficit de l’affirmation de soi.
2. L’attitude « d’attaque »: chercher à imposer son objectif sans tenir compte de l’objectif des autres. Vouloir gagner le conflit à tout prix. Cette attitude peut se refléter dans des tendances autocratiques, de la froideur, du mépris pour la faiblesse humaine, ainsi qu’une intolérance envers les erreurs.
La personne peut parler fort, interrompre ses interlocuteurs, faire du bruit avec ses affaires quand un autre s’exprime, ne pas maîtriser son temps de parole, arborer un sourire ironique et manifester par des mimiques son mépris ou sa désapprobation.
Quelques phrases-alibi pour illustrer le propos:
- « Dans ce monde il faut savoir s’imposer »
- « Je préfère être un loup qu’un agneau! »
- « La vie est une lutte, si je n’avais pas appris à me défendre, il y a longtemps que j’aurais été dévoré… »
- « La meilleure défense, c’est l’attaque! »
Cette attitude peut être assimilée à un excès d’affirmation de soi.
3. L’attitude de « manipulation »: cacher son objectif et user de moyens détournés pour l’atteindre.
Cette attitude consiste à utiliser la dissimulation, l’insinuation, le « brouillage des cartes », la culpabilisation, etc. Elle entraîne, à terme, une perte de crédibilité, une disqualification et un échec dus à un manque de confiance réciproque.
Quelques phrases-alibi pour illustrer le propos:
- « Les autres ne savent pas tirer parti du système »
- « Il faut ruser pour obtenir ce que l’on veut »
- « On ne peut faire confiance qu’aux saints »
4. « L’affirmation pacifiée »: dire ce que l’on veut tout en acceptant la contradiction et la recherche du compromis, trouver le juste équilibre entre ses besoins et ceux des autres.
L’affirmation pacifiée propose d’explorer et d’atteindre des relations dans lesquelles tous les partenaires trouvent leur compte: il s’agit d’un état d’esprit, d’une philosophie de vie qui prône en fait l’établissement d’une relation « gagnant-gagnant ».
Cela est possible en développant ses capacités à:
- Pratiquer l’écoute active, en étant aussi attentif au non-verbal
- Faire des critiques dans le but d’aboutir à un changement
- Recevoir les critiques des autres, qu’elles soient justifiées ou non
- Complimenter, le cas échéant
- Réagir face à des comportements agressifs et manipulateurs.
Cette attitude correspond à un bon dosage entre affirmation de soi et respect des autres.
Il est évident que nous devrions en priorité nous concentrer sur les attitudes qui nous correspondent le plus, plutôt que de chercher à catégoriser les autres. La personne humaine est certainement bien plus complexe que de grossières étiquettes!
En outre, nous pouvons tous nous trouver dans l’une ou l’autre attitude, selon les situations. C’est ce que nous verrons dans la partie « L’évaluation des attitudes en situation de conflit – Questionnaire d’autoévaluation ».