Le nouveau profil de compétences du manager: les critères de succès du cadre-coach

Le rôle du cadre a profondément changé. La complexité de la situation – organisationnelle et humaine – s’ajoute à des restructurations successives. Ceci va l’amener à ne plus pouvoir compter sur une technique de management apprise, mais sur sa propre créativité et originalité pour répondre rapidement aux besoins multiples de manière pertinente. C’est le management différencié.

Par Liliane Held-Khawam, auteur du livre « Le Management Par le Coaching (MPC) : le cadre à la recherche de ses repères ».

On pourrait définir ce dernier de la manières suivante: c’est la capacité à répondre à chaque situation par une réaction rapide, adéquate et cohérente avec la ligne directrice de l’entreprise, et non à des schémas préétablis (directives, réponses standardisées…). Dans cette philosophie, l’humain (client, collaborateur…) occupe une place centrale dans la réflexion. Le manager lui-même est une pièce essentielle du « puzzle ».

Les critères de succès du « cadre-coach »

Le but est de rendre le manager à la fois autonome et performant. Ce que ces termes signifient et leurs composantes sont décrits ci-dessous. Quelques critères mesurables, permettant d’appréhender ces dimensions sont explicités dans le tableau ci-joint.

Les critères de base du management différencié

Les axes-clé Les composantes Les critères mesurables
 I. Autonomie  Discernement Initiative
Sens des réalités
Prise de risques
 Responsabilité individuelle Indépendance
Motivation, enthousiasme
 Ouverture et expression de soi Innovation/créativité
Communication, écoute
 II. Performance  Objectifs de l’entreprise Vision d’ensemble
 (ligne directrice) et des clients Sens stratégique
Sens du résultat
Sens de l’équipe
 Mobiliser et développer Leadership
 les équipes Persuasion
Coaching
Un manager autonome

On a vue que le manager est de plus en plus seul face à ses décisions et à son équipe. Trois axes nous semblent indispensables pour être à l’aise dans le nouvel environnement:

  • le discernement;
  • la responsabilité individuelle;
  • l’ouverture et l’expression de soi.

Le discernement

C’est la capacité à évaluer la situation et à réagir de la manière la plus adéquate. Pour cela, l’individu gagnerait à:

  • Bien se connaître: Connaître ses forces, ses faiblesses, ses motivations et ses valeurs de référence. Ceci lui permettra d’évaluer son niveau de compétence face à un problème, de connaître ses limites à ne pas transgresser. Cette connaissance lui donne le cadre de référence dans lequel il peut évoluer sans craintes.
  • Etre centré: Etre suffisamment conscient de soi-même pour ne pas prendre sur soi les problèmes. Plus l’individu est centré, et moins les tempêtes extérieures lui brouilleront son esprit. Il pourra maintenir une distance avec les problèmes. Ainsi, il aura plus de chances de garder son calme et d’appréhender l’environnement de manière plus globale. Ceci participe à l’aspect visionnaire tout en s’appuyant sur la réalité.
  • Objectiver l’environnement, les problèmes et les relativiser: Il s’agit d’appréhender l’environnement de manière réaliste et pondérée. Evaluer les besoins de son poste, de sa hiérarchie, de ses collaborateurs, de ses clients sera très utile pour y parvenir. Le manager peut se donner des objectifs à atteindre, tant au niveau de la quantité que de la qualité.

La responsabilité individuelle

Dans cet environnement, chacun doit devenir responsable de sa vie. « Comment puis-je participer à la résolution d’une difficulté, d’un conflit? » devient la question-clé. Dans ce but, il faut:

  • Oser décider, afin de ne pas hypothéquer les chances de succès d’une entreprise, ni entraver l’activité des autres;
  • Assumer sa décision, avec tous les risques que cela comporte. Les risques peuvent aller du succès à l’impopularité, voir à l’échec total;
  • Responsabiliser et autonomiser ses collaborateurs: le meilleur manager est celui qui fait confiance à ses collaborateurs et leur donne les moyens de réaliser leurs objectifs. Il partage avec eux la responsabilité des activités, voire le pouvoir (empowerment).

Ouverture et expression de soi

On prend en compte et on comprend la réalité et les besoins de l’environnement, pour y répondre. Ce critère déterminera de plus en plus clairement le succès du management:

  • L’ouverture: prise en compte de l’autre (collaborateur, client, hiérarchie, fournisseur, concurrent, collègue…). Ceci passe par l’écoute, qui a été longtemps négligée (ce qui est la cause de la difficulté fréquente de communication et d’échange entre la Direction et la base). Cette ouverture contribue à la compréhension et à l’intégration de cette foule d’activités diversifiées, voire hétéroclites. Elle aide aussi à s’adapter aux changements accélérés du marché et de la technologie, voire dans certains cas à anticiper.
  • L’expression de soi: Il s’agit là de répondre aux besoins, mais aussi de créer une dynamique positive autour de soi. Ceci passe par la reconnaissance de l’autre, l’encouragement et la stimulation. Jusqu’à présent, le manager a essayé d’occulter ses sentiments, de privilégier la rationalité. Or, ils font partie intégrante de la personnalité. D’ailleurs, les sentiments de colère, de déception… sont malgré tout exprimés. Alors, pourquoi ne pas exprimer les sentiments positifs? Aimer son métier, aimer son entreprise, aimer ses clients, aimer son équipe participent certainement au succès du cadre. Ce dernier passe tellement de temps dans sa vie professionnelle. Alors, autant y trouver du plaisir qui donnera un sens aux sacrifices consentis.

L’ouverture de soi génère les échanges, le partage, la créativité. Il s’agit toutefois de ne pas perdre de vue les objectifs de sa fonction.

Un manager performant

Compte tenu du système dans lequel nous évoluons, la performance est indiscutable et indispensable. Le manager doit très vite intégrer cette donnée et appréhender la chose à deux niveaux :

I. Prendre en compte les objectifs de l’entreprise

Il s’agit de tenir compte de la mission réelle de l’entreprise, de ses performances, de ses compétences-clé. Il est essentiel pour un manager performant de « croire », malgré toutes les difficultés, dans l’entreprise, ses produits, son management, d’adhérer à la ligne directrice, de rechercher la satisfaction totale et durable de ses clients, de construire des relations constructives avec ses fournisseurs et de garder une vision d’ensemble en maintenant une distance avec les événements.

II. Mobiliser et développer ses collaborateurs

Croire en ses collaborateurs, avoir confiance en eux, devient déterminant pour le succès de son secteur. Le manager connaît les compétences réelles de ses collaborateurs, construit une équipe en valorisant les forces et en jouant sur la complémentarité des individus. Il est tout aussi important de tenir compte des doutes, inquiétudes, incertitudes, voire peurs qui bloquent les collaborateurs. Le succès du manager sera cependant plus que jamais celui de son équipe.

Il est invité à :

  • fixer avec eux des lignes directrices;
  • connaître leurs forces et limites de compétences;
  • mettre en place un plan d’action et des outils pour les développer;
  • les responsabiliser et les autonomiser pour réaliser leurs objectifs;
  • offrir une écoute et une réponse différenciée en fonction du profil et des besoins du collaborateur;
  • les amener à croire dans leurs activités et leur entreprise.

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