L’entretien de mise à la retraite / départ à la retraite anticipée

La retraite anticipée consiste, pour un employé, à toucher une rente réduite avant l’âge légal de la retraite (soit 65 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes), en cessant tout ou partie de son activité professionnelle. En Suisse, l’âge minimum pour une mise à la retraite anticipée est fixé à 58 ans.

Le départ à la retraite anticipée survient principalement dans deux cas de figure:

  1. Mise à la retraite anticipée décidée par l’entreprise: lorsque l’entreprise estime pour différentes raisons que le collaborateur n’est plus en mesure d’assumer sa fonction de manière satisfaisante.
  2. Départ à la retraite anticipée décidé par le collaborateur: lorsque le collaborateur décide de couper court à sa carrière.

Les conséquences personnelles et organisationnelles du départ à la retraite, ainsi que la manière d’aborder l’entretien, dépendront donc du cas dans lequel on se trouve.

Le premier cas est le plus fréquent, compte tenu de la conjoncture économique, de la globalisation des marchés et de ses règles fondamentales de changement des structures, de l’évolution constante des technologies, du coût des assurances sociales, etc. Les personnes d’âge mûr tendent ainsi parfois à être dépréciées dans les milieux professionnels. Dès lors, la mise à la retraite anticipée peut être une solution adéquate non seulement pour l’entreprise, mais aussi pour  le collaborateur qu’il s’agira alors de convaincre du bien-fondé d’une telle décision.

A noter que la mise à la retraite (totale ou partielle, dans le cas d’une diminution du temps de travail) peut encore être décidée conjointement par les deux parties, auquel cas l’entretien qui en découle ne devrait pas présenter trop de difficulté. On mettra toutefois l’accent, dans ce cas de figure, sur l’aide et les mesures concrètes qui peuvent être apportées par l’entreprise au collaborateur (allocations, rentes AVS, démarches envers la caisse de pension…).

OUTILS

Dans les cas où la mise à la retraite anticipée n’est pas voulue conjointement par les deux parties, les conséquences organisationnelles et/ou personnelles peuvent toutefois, dans certains cas, être importantes. Pour limiter, voire éliminer des conséquences fâcheuses, on prendra soin notamment de respecter les règles générales de l’entretien de séparation, particulièrement celles applicables à la conduite de l’entretien de licenciement (exemple), qui s’appliquent par analogie à ce cas d’entretien difficile.

On pourra donc s’appuyer sur les mêmes outils, et notamment:

PRATIQUE

La mise à la retraite d’un collaborateur qui a atteint l’âge légal est un acte de gestion qui ne pose en général pas de réel problème opérationnel ou relationnel. Le collaborateur peut être déçu, soulagé, ou indifférent à sa mise à la retraite. Mais employeur et collaborateur trouvent en général leur compte dans cette situation et les conséquences qu’elle entraîne. En revanche, une mise à la retraite anticipée peut survenir à un moment inopportun, et par conséquent déstabiliser fortement le collaborateur ou l’employeur.

Il y a alors, comme mentionné précédemment, deux cas de figure, que nous allons examiner plus en détail :

I. Mise à la retraite anticipée décidée par l’entreprise: Dans le cas d’une mise à la retraite forcée, le collaborateur peut se sentir lâché, trahi. Il peut alors se remettre en question et s’interroger sur ses valeurs; en effet, plus la relation avec l’employeur aura été importante, intense et essentielle, plus le collaborateur aura basé ses valeurs sur le travail et son rapport à celui-ci. Dès lors, le collaborateur peut être amené à souffrir d’une perte d’identité et de repères sociaux.

Certains praticiens s’accordent sur le fait qu’un entretien de mise à la retraite anticipée, lorsque celle-ci est décidée par l’employeur, est souvent plus difficile à mener qu’un entretien de licenciement.

  • Propositions pour le déroulement de l’entretien:
  1. Laisser la personne s’exprimer (parfois la personne se montre agressive)
  2. Montrer de la compréhension
  3. Rapidement en venir aux mesures d’aides concrètes de la part de l’employeur: allocations, rentes AVS, caisse de pension…
  • Remarque sur la communication: Dans cette situation, il convient, à un moment donné, d’orienter la discussion sur les valeurs du collaborateur, lesquelles seront inévitablement affectées. On peut alors valoriser la sphère autonome du collaborateur et l’inciter à se concentrer sur sa vie privée et/ou ses activités associatives (politiques, humanitaires, sportives…).

La valorisation de la sphère personnelle devrait permettre la préservation de la dignité et de l’identité sociale: à défaut de maximiser la dimension du bien-être financier, le collaborateur pourrait profiter de sa liberté. Le seul effet de la perte d’un emploi serait donc d’ordre économique, laissant intactes tant l’intégrité du collaborateur que l’image qu’il a de lui-même et de son rôle social.

II. Départ à la retraite anticipée décidé par le collaborateur: Lorsque c’est le collaborateur qui décide de son départ à la retraite anticipé, celui-ci peut être mal perçu par l’employeur, qui peut être pris de cours si cela n’était pas prévu – voire ne pas accepter cette décision. Là encore, l’entretien mené peut revêtir des aspects délicats, à la fois pour l’employeur et pour le collaborateur.

Ici, l’entretien à mener diffère quelque peu de celui du premier cas. En effet, les problèmes de pert​e d’identité et de repères sociaux du collaborateur sont moins présents, voire inexistants. En conséquence, la discussion sera moins axée sur les valeurs.

  • Propositions pour le déroulement de l’entretien:
  1. Laisser la personne s’exprimer
  2. Montrer de la compréhension
  3. Exposer les éventuelles concessions que l’entreprise est prête à faire à son égard
  4. Exposer au collaborateur les différentes alternatives que lui propose l’entreprise (mobilité interne, charge de travail réduite…) et tenter de trouver une solution « gagnant-gagnant »
  5. En venir aux mesures d’aides concrètes de la part de l’employeur.
  • Remarque sur la communication: Cette situation peut parfois déboucher sur un conflit entre collaborateur et employeur. Ce conflit, qui dépasse alors le cadre de l’entretien, peut être résolu à l’amiable via la recherche d’un modus vivendi; dans le cas contraire, il débouche sur une séparation inamicale.